Vous voulez devenir thanatopracteur.rice ? C’est super. Vraiment, aucune ironie. Je n’écrirais pas ces lignes sinon.
Longtemps catégorisée comme « métier de l’ombre », la thanatopraxie arrive enfin dans la lumière grâce aux prises de parole des professionnel.les, et de ce fait, suscite l’intérêt de nombreuses personnes ! On tend à sortir de la dynamique incestueuse des « Pompes Funèbres de père en fils », d’un microcosme funéraire, et la profession se diversifie grandement. C’est pour le mieux, car notre milieu professionnel est très poussiéreux, avec une mainmise des grosses entreprises et le comportement réac de beaucoup. Et ne parlons pas des non-dits, des affaires cachées, des boys club etc. Si vous pensez que le parcours en lui-même est difficile, attendez de vous frotter aux professionnel.les.
Ne vous découragez pas
Vous serez confronté.e à des professionnel.les qui vous parleront de « métier passion » 7j/7, de 5h à 22h, le tout sans vacances. D’autres vous affirmeront, sans vous connaître, que vous n’avez pas les épaules, que vous ne réussirez jamais. D’autres encore se moqueront de vos questions, singeront vos demandes ou vous enverrons paître tout simplement.
Mais que cela ne vous décourage pas ! Si de prime abord les forums et groupes Facebook dédiés à la thanatopraxie seront cruels avec vous, il y a de nombreuses personnes plus discrètes et moins chroniquement en ligne qui sauront vous accueillir et vous conseiller (voire vous consoler).
Dites-vous que c’est une épreuve du parcours pour devenir thanato. Qu’avant la formation dense, le concours sans pitié, le stage pratique intense et l’examen pratique stressant, il y a une hydre à ignorer et contourner sagement. Les chevaliers les plus sages savent éviter un combat inutile ⚔️
Ces commentaires, ces moqueries bêtes et ces jugements ne sont là que pour rassurer les egos de celleux qui les écrivent. Des gens blasés, épuisés, certainement malheureux dans leur vie (moi aussi, je peux juger !). De nouveaux aspirants, et donc de nouveaux potentiel.les confrères et consœurs, signifient une potentielle concurrence à venir, donc aussi une potentielle perte de clients etc. Forcément, ça ne donne pas envie d’être accueillant.
Cependant, nous sommes un métier de niches où tout le monde ne fait pas carrière pendant 10 ou 15 ans et avec un nombre de diplômé.es très bas chaque année. Nous sommes cruellement en manque de professionnel.les dans certaines régions. Il y a des départs en retraite, des changements de carrière etc. Il y a de l’emploi. Il y a donc besoin de former de nouveaux thanatopracteurs pour remplir les places vacantes.
Et vous êtes ces futur.es confrères et consœurs. Quand bien même on peut se moquer de vous et essayer de vous décourager, il s’agit de la réalité.
Ayez confiance en vous
Si vous entamez le processus pour devenir thanatopracteur, vous n’avez pas à faire vos preuves auprès de Jean-Mi Anubis ou Marceline Memento Mori.
Votre force ? Vous la connaissez. Vos capacités ? Vous les connaissez et vous les entretenez. Votre expérience ? Elle se fera au fil de votre parcours. Nous sommes tous.tes parti.es de zéro. Votre motivation ? Vous êtes seul.e à pouvoir la juger. Vos raisons de faire ce métier ? Elles vous appartiennent. Tout dépendra de votre travail, de votre discipline et de votre rigueur. Pas de l’avis de personnes aléatoires sur Facebook.
Ne laissez pas tous les préjugés avoir raison de votre confiance. Vous ne réussirez qu’à vous faire peur et potentiellement vous décourager.
Par exemple, avant votre première observation de soin, on pourra vous mettre en garde : le corps n’est pas préparé, on ne sait pas comment il sera, il ne faut pas vomir, il ne faut pas s’évanouir etc. Personnellement, des nombreuses personnes que j’ai eu en observation, personne n’a tremblé. Chacun.e savait pourquoi iel était auprès de moi dans ce labo, et tout s’est toujours bien passé.
A partir du moment où vous voulez passer la porte d’un labo pour découvrir votre futur métier, il n’y a aucune raison pour qu’on remette en question votre motivation.
Soyez curieux.ses
Avoir appris la théorie, avoir vu et fait un soin de conservation… ne fera pas de vous un.e thanato accompli.e ! Il est important d’écouter les conseils et les expériences des professionnel.les autour de vous. Il y a toujours à prendre et à apprendre. Quand vous accompagnez un thanato en observation, profitez de ce moment pour poser des questions sur sa technique, sur son expérience et son quotidien. Ne vous murez pas dans le silence. Vous êtes dans le labo, c’est le moment où jamais !
S’intéresser à pourquoi ce thanato utilise telle technique et pas une autre, comment iel arrive à un tel résultat, quel(s) produit(s) iel ajoute et lesquels iel évite… tout ça vous permettra aussi d’explorer d’autres techniques et trouver ce qui vous convient le mieux.
Toujours lire et se renseigner, toujours essayer de sortir de sa zone de confort, tester de nouveaux produits, de nouvelles concentrations, de nouveaux mélanges… notre travail est celui d’un artisan, il est en constante évolution. De plus notre matière de travail est capricieuse, organique, changeante. Aucun défunt n’est le même, et chacun demandera un traitement particulier.
Au plus vous aiguisez votre curiosité, votre inventivité et votre polyvalence, au mieux vous serez capable de répondre aux besoins de chaque cas, du plus simple au plus difficile. Ca ne veut pas dire que vous n’aurez peur de rien, mais que vous saurez appréhender chaque surprise dans sa housse avec plus de sérénité.
Soyez respectueux.ses et patient.es
Des défunts, des lieux où vous allez bien sûr. Mais aussi envers les thanatopracteur.ices que vous contactez. Évidemment, j’ai critiqué amèrement le comportement en ligne de beaucoup de thanato, mais ça ne veut pas dire d’imiter ce comportement.
Quand vous contactez un.e pro pour des questions, rappelez-vous que vous n’êtes pas le premier de la journée à le faire. Que souvent, vous nous écrivez via nos réseaux sociaux personnels, et que nombre d’entre nous n’utilisent pas nos réseaux pour parler de travail. C’est empiéter dans notre sphère privée, et c’est parfois lourd au quotidien.
Réfléchissez avant de poser une question. Dans la majorité des cas, vous pouvez trouver votre réponse dans des contenus dédiés ou en quelques recherches Google. Je comprends l’envie de parler à une personne directement concernée. Mais il est toujours mieux d’arriver dans nos DM ou nos emails avec une base d’informations.
Par exemple, il m’est arrivé de recevoir des demandes de type « Peux-tu me parler de ton métier, il m’intéresse », sans rien de plus. Que dois-je faire ? Un cours magistral ? Non merci. Ce n’est pas intéressant pour moi, c’est énergivore et ces informations sont largement disponibles.
Ne vous imposez pas auprès de nous. Nous sommes des gens très solitaires en journée, nous travaillons seul.e, notre voiture est à la fois notre bureau et notre salle de pause. Il n’est pas toujours possible pour un thanato d’accueillir quelqu’un en observation du jour au lendemain. Tout dépend de l’activité, du parcours de la journée, mais aussi de notre énergie et de notre disponibilité.
Soyez patient.es et disponibles ! Si un thanato vous propose une journée d’observation, iel s’y tiendra. Il faut juste parfois que les étoiles s’alignent pour y arriver.